27 - J'ai peur des mouches Dard, Frédéric
San-Antonio [27]: Moi, vous me connaissez ? Je n'ai jamais eu peur de rien ! J'ai entendu siffler pas mal de balles à mes oreilles... Il m'est même arrivé de ne pas les entendre passer pour la bonne raison que je les avais interceptées au vol... Je me suis bagarré avec des types plus colosses que celui de l'île de Rhodes, j'ai pris des gnons... sans jamais connaître le sentiment de la peur.On m'a fait le coup de la baignoire, celui de la scie à métaux sur le tibia, les allumettes enflammées sous les ongles, la cigarette écrasée sur la joue, et toujours sans m'arracher un cri ni un mot.C'est à peine si je perdais le sourire.Et pourtant... aujourd'hui, J'AI PEUR DES MOUCHES... Ces minuscules diptères me terrorisent, car dans la contrée où je suis, elles véhiculent la mort... la plus atroce des morts.
28 - Le secret de Polichinelle Dard, Frédéric
San-Antonio [28]: Quatre jours après cette partie de chasse mémorable qui se solda par une hécatombe, le Vieux me fait appeler dans son burlingue secret. La pièce est triste comme un vieux numéro de la Revue boursière, et le maître des Services paraît aussi joyeux qu'une catastrophe minière. Il est droit devant son bureau d'acajou lorsque j'entre. Ses poings sont posés à chaque extrémité de son sous-main et son front relié pleine peau de fesse brille à la lumière de son réflecteur. « San-Antonio, vous ne devinerez jamais la raison pour laquelle je vous ai mandé... »
29 - Du poulet au menu Dard, Frédéric
San-Antonio [29]: Lorsque la grande aiguille de ma montre a fait sa révolution sur le cadran, la porte de l'usine se rouvre et mon zigoto réapparaît. Il est plus furtif qu'un souvenir polisson et il se met à foncer dans la partie obscure du quai, la tronche rentrée dans les épaules... Il marche vite, sans courir cependant... Il semble avoir peur... Oui, pas de doute, il est terrorisé... Je lui laisse du champ et je démarre en douceur. Soudain, il se cabre. Dans l'ombre, devant lui, se tient une seconde auto, tous feux éteints... Il marque un temps et s'écarte pour passer. Dedans, j'aperçois vaguement deux silhouettes...
30 - Tu vas trinquer San-Antonio Dard, Frédéric
San-Antonio [30]: « Deux ivrognes et un clébard, voilà tout ce dont je dispose pour démarrer mon enquête aux USA. Les deux poivrots ont pour noms Bérurier et Pinaud et le chien est un gentil boxer, baveur à souhait ! L'Empire State Building aux pieds de Béru, il faut avoir vu ça ! Mais je vais en voir bien d'autres au milieu de la pègre new-yorkaise. Mes acolytes boivent, mais c'est naturellement votre bon San-Antonio qui va trinquer. »San-Antonio
31 - En long, en large et en travers Dard, Frédéric
San-Antonio [31]: Le roi de la sardine à l'huile a disparu ! La recherche dans l'intérêt des familles, c'est pas mon boulot ! Mais quand Béru et Pinaud se volatilisent à leur tour, je me mets en chasse... En compagnie de la légitime du disparu. Une jeune femme incroyable... Inconsolable ? Tous les locataires de l'hôtel de la Manche affirment l'avoir entendue gémir toute la nuit... Mais pas de chagrin, croyez-moi ! Approchez, mes belles, je vais vous raconter ça en long, en large et en travers.Paru en 1958
32 - La vérité en salade Dard, Frédéric
San-Antonio [32]: Le maquillage de la mémère se craquelle comme une terre trop cuite. Elle a trois tours de perlouzes sur le goître, deux suspensions avec éclairage indirect aux étiquettes et une dizaine de bagues qui la font scintiller comme l'autoroute de l'ouest au soir d'un lundi de Pâques. Figurez-vous que ce monticule aurifié et horrifiant s'envoie un jules de vingt ... carats ! Seulement, ce petit téméraire vient de se faire allonger... du moins tout le monde le donne à penser. « Fouette dents de scie », comme dit Bérurier, cet angliciste distingué !
33 - Prenez-en de le graine Dard, Frédéric
San-Antonio [33]: Mes petits lecteurs chéris, je crois que depuis le temps qu'on se connaît on commence à bien se connaître comme le disait si justement Vincent Toriol à la bataille de Marignan (33, Champs-Élysées, Paris). Alors je vais vous en annoncer une qui méritera d'être prise en considération et dans le sens de la hauteur : je compte vous faire rire avec ce bouquin.
34 - On t'enverra du monde Dard, Frédéric
San-Antonio [34]: Eh bien ! Eh bien, Béru, t'as des vapeurs ? M'en parle pas, balbutie-t-il, je suis un mec terminé ! On en reparlera quand tu seras dans ton costar en planches ; dis-moi un peu ce qui ne carbure pas ? Ma femme a disparu, lâche le Gros. Et de ponctuer cette révélation par un barrissement qui fêlerait une plaque de blindage.
35 - San-Antonio met le paquet Dard, Frédéric
San-Antonio [35]: Pinaud a gagné une maison à Magny-en-Vexin grâce au concours publicitaire du journal Lutèce-Midi et invite ses amis à manger une blanquette le dimanche midi. En tentant de planter le sapin apporté par Bérurier en cadeau, ils découvrent que deux cadavres ont été enterrés dans le jardin de cette maison. L'enquête les conduit à suspecter les anciens propriétaires de la maison, ainsi que leur locataire, Ange Ravioli un ancien truand devenu propriétaire d'un cabaret.
36 - Entre la vie et la morgue Dard, Frédéric
San-Antonio [36]: – Qu'est-il arrivé ? s'inquiète le chef de train. – Ca se voit, non ? – Cette personne est tombée ? – Un peu, et elle s'est plutôt fait mal. – Elle était avec vous ? – C'est-à-dire qu'elle se trouvait dans mon compartiment. Je lui bonnis l'accident du mironton venu tirer la chevillette. – Elle portait des lunettes, dis-je. Il paraît qu'elle a voulu aller aux toilettes et s'est trompée de lourde.
37 - Tout le plaisir est pour moi Dard, Frédéric
San-Antonio [37]: « J'ai rencontré à travers le vaste monde et le long de ma vie bien des femmes exigeantes. Des qui me demandaient de remplacer leur mari au pied levé ; des qui réclamaient ceci et d'autres qui sollicitaient cela et toujours je me suis évertué à les satisfaire. Mais la frangine, ce coup-là, attend vraiment l'impossible de votre San-A. chéri... Un impossible réellement... impossible... Mais moi, vous me connaissez ; rien ne peut m'arrêter ! Alors, poliment, je me penche sur le décolleté de la poupée et je susurre : “Mais voyons, chère amie, tout le plaisir est pour moi !” »
38 - Du sirop pour les guêpes Dard, Frédéric
San-Antonio [38]: Vacances peinardes sur la Côte... Boîte de nuit dans la pinède... Une frangine de vingt berges dans mes bras... Et voilà que ça démarre... Un ancien pote à moi vient se faire rectifier à mon nez et à ma barbe... Un Bérurier beurré qui se radine... Un nouveau meurtre... Finie ma belle tranquillité... Décidément, j'attire l'embrouille comme le sirop attire les guêpes !Paru en 1960
39 - Du brut pour les brutes Dard, Frédéric
San-Antonio [39]: Boris Alliachev, vous connaissez ?Espion international…Recherché dans une tripotée de pays…Enfin le genre de mec que tout flic normalement constitué rêve d'agrafer à son palmarès !Figurez-vous que je l'ai précisément sous les yeux, en ce moment…Il est assis dans un restaurant russe et il jaffe du caviar comme un qui aurait la conscience tranquille et le larfouillet bourré.Seulement voilà qu'un pastaga démarre dans les parages : un jules, laid comme un dargif de singe, entreprend de dérouiller sa poule, une ravissante môme de vingt berges.Mais ce n'est pas le genre de chose qu'on fait devant S.-A., pas vrai ?Alors je sors mon uppercut des grands jours…Et pendant la bagarre, le Boris, lui, il prend la tangente !Vilaine affure, les gars, mais cette brute de S.-A. n'a pas dit son dernier mot !
40 - J'suis comme ça Dard, Frédéric
San-Antonio [40]: Y en a d'autres qui sont autrement, mais moi, que voulez-vous, j'suis comme ça ! Vous le savez, je suis habitué aux coups les plus durs et les plus vaches. Mais celui qui m'arrive sur le coin de la hure est le plus bas que j'aie jamais encaissé : on a kidnappé Félicie ! Si vous n'avez jamais vu un San-Antonio féroce, un San-Antonio effrayant de colère, vous allez être servis ! Avec Béru, on s'est bien juré que le premier des ravisseurs de ma mère qui nous tombera sous la paluche aura droit à une concession au Père-Lachaise... Qu'on se le dise !
41 - San-Antonio renvoie la balle Dard, Frédéric
San-Antonio [41]: Ce dimanche, San-Antonio et Bérurier assistent au match de football France-Exéma durant lequel l'arbitre est-allemand, Otto Graff est abattu de deux balles dans le cœur. En moins de 12 heures, ils vont mener leur enquête et éclaircir ce mystérieux assassinat.
42 - Berceuse pour Bérurier Dard, Frédéric
San-Antonio [42]: Y en a, le music-ôle, ils aiment ça. Y a qu'à voir comme la môme Wenda a insisté pour traîner San-Antonio à l'Alcazar, assister au show du Petit Marcel, l'hypnotiseur des trois Égypte : Regardez-moi dans les yeux... tu parles d'un numéro ! Enfin... un chez qui on ne pourrait pas soupçonner de goût pour le chobize, c'est bien l'inspecteur Bérurier, dit le Gros. Et vache de coïncidence : le voilà qui monte sa graisse sur les planches, s'offre en volontaire aux sortilèges de l'Orient... et tombe si bien dans les vapes qu'il disparaît totalement ! Pour retrouver sa Baleine au bois dormant et démasquer les mystères de l'Alcazar, San-Antonio va devoir distribuer autre chose que des baisers...
43 - Ne mangez pas la consigne Dard, Frédéric
San-Antonio [43]: L'homme cagoulé est en train d'affûter la lame courbe d'un cimeterre. Le cimeterre marin dont causait Valéry. Ce cimeterre-là va m'expédier au cimetière en deux temps et pas un mouvement. Il l'aiguise sur une vraie meule. Une meule électrique, siouplaît, ce qui m'inciterait à penser que nous somme dans un atelier.
44 - La fin des haricots Dard, Frédéric
San-Antonio [44]: A peine ai-je franchi le seuil que je m'arrête, pétrifié par la surprise : la môme Danièle gît au bas de l'escalier, la tête sur le carrelage du vestibule. Elle a la coquille fêlée et une mare de sang achève de se figer. Je m'agenouille auprès de la pauvrette et je glisse la main entre ses robinets. Partie sans laisser d'adresse.
45 - Y'a bon, San-Antonio Dard, Frédéric
San-Antonio [45]: « Je m'agenouille et je palpe la terre battue. Un contact terrifiant me court-circuite les centres nerveux. Je viens de rencontrer une main. Elle est froide. Je dompte ma répulsion et je palpe encore. Après la main vient le poignet, puis l'avant-bras, puis le bras, l'épaule... Un cadavre Il y a un cadavre dans la cave à vin. »
46 - De "A" jusqu'à "Z" Dard, Frédéric
San-Antonio [46]: « Mes funérailles étaient prévues pour dix heures, mais dès neuf heures, la maison était déjà pleine de gens. Tout le monde pleurait, ce qui me touchait beaucoup. Sur les faire-part on avait précisé "ni fleurs ni couronnes", histoire de ne pas mettre les copains dans les frais, mais, nonobstant cette recommandation, la plupart des assistants s'annonçaient avec des gerbes, des couronnes, des coussins d'oeillets, des croix en roses et autres joyeux présents. Oui, il faut vraiment mourir pour mesurer le degré de sa popularité. J'en étais tout ému. Mais quand j'ai vu radiner le Gros, beau comme une pissotière repeinte, dans un complet noir, avec une chemise vraiment (et très provisoirement) blanche, soutenu par Alfred le coiffeur, mon coeur m'est remonté dans le gosier. »
47 - San-Antonio chez les macs Dard, Frédéric
San-Antonio [47]: Connaissez-vous Stinginess Castle ? Au fin fond des Highlands, en Ecosse, ce château se dresse sur une colline dans les brumes britanniques. Un nouveau fantôme le hante depuis quelque temps. Et un fantôme de poids. Il a pour nom : BERURIER ! Et si vous saviez ce que le Gros et votre valeureux San-Antonio maquillent dans ce château de cauchemar, vous en auriez la chair de poule. Un renseignement : si vous entendez un craquement dans la pièce d'à-côté pendant que vous lisez ce chef-d'œuvre, ne cherchez pas, c'est le fantôme de quelque Mac !
48 - Fleur de nave vinaigrette Dard, Frédéric
San-Antonio [48]: La disparition de Pinaud et du cousin Hector, qui avaient monté leur agence de détectives privés, ainsi que l'assassinat d'une jeune asiatique devant le domicile de Bérurier, conduisent San-Antonio et son fidèle acolyte à aller mener l'enquête au Japon.
49 - Ménage tes méninges Dard, Frédéric
San-Antonio [49]: L'histoire qui est racontée ici est rigoureusement vraie. Je n'y ai pas changé une virgule. J'ai seulement modifié les événements, déformé les faits, interverti les situations, débaptisé les personnages et déplacé l'action. J'ai également pris des libertés avec le lecteur, la vocabulaire de l'affabulation. Oui, j'ai fait tout cela. Mais, parole d'homme, je n'ai pas changé une virgule à l'histoire. J'aurais peut-être dû... Ça aurait évité à Béru et au beau San-Antonio de se trouver dans la situation la plus effarante de leur brillante carrière. Et comme dit ce grand intellectuel de Bérurier : “Ménage tes méninges”, gars, et prépare tes mécaniques.
50 - Le loup habillé en grand-mère Dard, Frédéric
San-Antonio [50]: On ne peut jamais prévoir la réaction des gens ! Je vous prends à témoin, mes amis : si vous receviez par la poste 20 000 000 AF signés anonyme, quelle serait votre réaction ?J'en connais qui les convertiraient aussitôt en bons du Trésor..., d'autres qui s'offriraient illico une douzaine de danseuses..., d'autres encore qui se feraient construire un coquet pavillon à Créteil... Eh bien, le bonhomme qui vient d'entrer dans mon burlingue est d'un genre différent, lui : il veut porter plainte ! Comme dit Bérurier : « Une telle honnêteté, c'est pas honnête ! »
51 - San-Antonio chez les gones Dard, Frédéric
San-Antonio [51]: Le grand retour de San-Antonio ! Si Bérurier joue les maîtres d'école en plein Beaujolais, ce n'est pas par vocation pédagogique : deux élèves ont disparu et un professeur a été assassiné ! Le commissaire San-Antonio est convaincu que seul un travail d'infiltration permettra de démasquer les coupables... Rythmé, truculent et sexy, SAN-ANTONIO rassemble tous les ingrédients qui ont fait le succès de la création française des années 60, à mi-chemin entre OSS 177 et Les Tontons flingueurs !