L'Ile du jour d'avant Eco, Umberto
« Du Dumas écrit par Pascal » : ainsi a-t-on pu qualifier cet étourdissant voyage au coeur du XVIIe siècle, mené par l'écrivain du Nom de la rose avec son brio romanesque et son époustouflante érudition. A travers l'odyssée de Roberto de la Grive, tour à tour guerrier, savant et agent secret, puis naufragé non loin du mythique 180e méridien – celui qui sépare aujourd'hui d'hier – c'est à un carrousel ininterrompu de personnages, d'événements et d'idées que nous sommes conviés. Campagnes de la guerre de Trente Ans, salons parisiens, intrigues diplomatiques, jeux de l'amour, de l'art, de la pensée : rien n'échappe au tourbillon d'une époque où les découvertes de la géographie et de l'astronomie bouleversent les consciences. Tour à tour roman encyclopédique, roman d'initiation, roman d'amour, ce somptueux opéra baroque nous renvoie aussi, en de fascinants jeux de miroir, aux vertiges de notre fin de millénaire.
Le cimetière de Prague Eco, Umberto
Trente ans après Le Nom de la rose, Umberto Eco nous offre le grand roman du XIXe siècle secret. De Turin à Paris, en passant par Palerme, nous croisons une sataniste hystérique, un abbé qui meurt deux fois, quelques cadavres abandonnés dans un égout parisien. Nous assistons à la naissance de l'affaire Dreyfus et à la création de l'évangile antisémite, Les Protocoles des sages de Sion. Nous rencontrons aussi des jésuites complotant contre les francs-maçons, des carbonari étranglant les prêtres avec leurs boyaux. Nous découvrons les conspirations des renseignements piémontais, français, prussien et russe, les massacres dans le Paris de la Commune où l'on se nourrit d'illusions et de rats, les coups de poignard, les repaires de criminels noyés dans les vapeurs d'absinthe, les barbes postiches, les faux notaires, les testaments mensongers, les confraternités diaboliques et les messes noires...Les ingrédients sont donc réunis pour faire de ce savoureux feuilleton un diabolique roman d'apprentissage. Tout est vrai ici, à l'exception de Simon Simonini, protagoniste dont les actes ne relèvent en rien de la fiction mais ont probablement été le fait de différents auteurs. Qui peut, cependant, l'affirmer avec certitude ? Lorsque l'on gravite dans le cercle des agents doubles, des services secrets, des officiers félons, des ecclésiastes peccamineux et des racistes de tous bors, tout peut arriver...
Le nom de la Rose Eco, Umberto
C’est d’abord un roman policier, un vrai, un grand polar, qui sort à jets savamment cadencés d'une plume que se disputent Conan Doyle et saint Thomas d'Aquin : une "série noire" pour amateur de crimes en série et de criminels hors pair qui ne se découvrent qu'à l'ultime rebondissement d'une enquête allant, en humour et en cruauté, malice et séductions érotiques, train d'enfer dans un lieu voué au silence, à la chasteté, à la prière. Car oyez, oyez, bonnes gens : c'est le moine qu'on assassine. Tout advient en l'espace de sept jours (une mort violente par jour) dans la très sainte enceinte d'une abbaye bénédictine située entre Provence et Ligurie, en l'an de grâce et de disgrâce 1327.En arrivant dans le havre de sérénité et de neutralité que devrait être cette abbaye – admirée de tout l'Occident pour la science de ses moines et la richesse de sa bibliothèque, l'ex-inquisiteur Guillaume de Baskerville, accompagné de son secrétaire Adso de Melk, se voit prié par l'Abbé de découvrir au plus vite qui a poussé un de ses moines à se fracaser les os au pied des vénérables murailles. C'est le premier des sept assassinats qui seront scandés par les heures canoniales de la vie monastique, danse de mort autour d'une bibliothèque interdite d'où se feront entendre les sept trompettes de l'Apocalypse, le rictus du Diable et le rire d'Aristote. Et le Verbe du commencement rejoint le mot de la fin dans une parabole sanglante et risible où s'inscrit l'histoire de l'humanité.
Le pendule de Foucault Eco, Umberto
Trois piliers de la maison d'édition Garamond, Belbo, Diotallevi et Casaubon, jouant avec leur intelligence, trouvent les bons indices d'un complot, lequel, né au moment de la suppression de l'ordre des Templiers par Philippe le Bel en 1312, aurait traversé l'Histoire jusqu'à nos jours. Objectif : la domination du monde. Instrument : le repérage d'un endroit à la surface de la planète d'où on peut dominer les courants souterrains et déterminer les climats du monde entier. Nos trois amis ont donc inventé un Plan, par jeu intellectuel, mais ils sont pris au sérieux par un groupe d'illuminés qui jouent de leurs pouvoirs policiers et politiques pour leur faire dire où se trouve la carte du mystère, carte qu'ils ont purement et simplement inventée. Le parchemin crypté, message chiffré du début, n'était qu'une liste de la ménagère, mais le jeu des uns est devenu enjeu vital pour les autres qui n'hésitent plus à tuer pour s'emparer d'un secret inexistant. Toute la science du monde, toutes les religions, des druides aux druses de Joumblatt, tout notre savoir défilent ici avec une fluidité géniale et sans jamais retarder l'action, mais en enrichissant le suspense. Jeux vertigineux des miroirs, style très riche et de tous les niveaux, de l'argot au plus littéraire, du plus dramatique au plus humoristique. Poignants portraits de femmes, Lia, Amparo, Lorenza... Historiquement bien enraciné dans notre époque, le roman, dans son mouvement de pendule, traverse tous les siècles pour toujours revenir au nôtre, en un jeu créateur fascinant où chaque lecteur se transforme en un initié aux mystères les plus profonds et les plus fous de notre planète.
N'espérez pas vous débarrasser des livres Carrière, Jean-Claude and Eco, Umberto
Le gai savoir : rarement l’expression nietzschéenne se sera aussi bien appliquée qu’à ce livre... sur les livres ! Du papyrus au fichier électronique, nous traversons deux mille ans d’histoire du livre à travers une discussion à la fois érudite et humoristique, savante et subjective, dialectique et anecdotique, curieuse et goûteuse. On y parcourt les temps et les lieux, les personnes réelles s’y mêlent aux personnages de fiction, on y fait l’éloge de la bêtise, on y analyse la passion du collectionneur, les raisons pour lesquelles telle époque engendre des chefs-d’œuvre, la manière dont fonctionnent la mémoire et le classement d’une bibliothèque. On y explique pourquoi « les poules ont mis un siècle pour apprendre à ne pas traverser la route » ou comment « notre connaissance du passé est due à des crétins, des imbéciles ou des adversaires ». Bref, on s’y amuse de la « furia littéraire » de deux passionnés qui nous entraînent dans leur folle farandole dont chaque tour surprend, distrait, enseigne. En ces temps d’obscurantisme galopant, c’est peut-être le plus bel hommage qui se puisse imaginer à la cul-ture de l’esprit, et l’antidote le plus efficace au désenchantement.