La bibliothèque de Patrick
home

La bibliothèque de Patrick

Gaspard, Melchior et Balthazar
Tournier, Michel
L'épisode des Rois Mages, venus d'Arabie Heureuse pour adorer l'Enfant Jésus, s'il ne fait l'objet que de quelques lignes d'un seul des quatre Évangiles, a profondément frappé l'imagination des hommes depuis deux mille ans. C'est l'hommage des peuples lointains au Sauveur, c'est, plus encore peut-être, l'irruption superbe et stupéfiante des Mille et Une Nuits dans la grotte de la Nativité. Peu de scènes du Nouveau Testament ont aussi souvent et magnifiquement inspiré la peinture occidentale. Qui étaient-ils ? D'où venaient-ils ? Pourquoi avaient-ils quitté leur royaume ? Qu'ont-ils trouvé à Jérusalem - chez Hérode le Grand – puis à Bethléem ? L'Histoire et la légende étant également muettes, il incombait à un romancier de répondre à ces questions. Ce livre nous l'apprend donc : Gaspard, le roi noir, avait un chagrin d'amour ; le jeune Melchior, chassé de son trône par un coup d'État, vivait un drame politique ; Balthazar, roi mécène, venait chercher à Bethléem la réhabilitation de l'image, maudite par l'Ancien Testament, et l'acte de naissance de l'art chrétien. Pourtant la surprise de ce récit se trouve dans sa dernière partie. L'auteur y reprend la tradition d'un quatrième Roi Mage, dont l'Évangile ne parle pas, parce que, venu de plus loin, il est arrivé trop tard et a manqué le rendez-vous de Bethléem. Mais il est écrit que les derniers seront les premiers, et le destin de Taor, prince de Mangalore, pour avoir été le plus long et le plus douloureux, sera aussi le plus touchant et le plus glorieux. Parti dans le but dérisoire de découvrir la recette du rahat loukoum à la pistache, Taor trouve l'Eucharistie, et il devient, après saint Jean-Baptiste, le premier martyr de la Chrétienté. Avec ce récit naïf et violent, Michel Tournier plonge aux sources de la spiritualité occidentale, et il nous donne sa version originale de la Légende Dorée.
Gilles & Jeanne
Tournier, Michel
Comment Jeanne d’Arc, si lucide, au bon sens si fort, a-t-elle pu accepter pour compagnon ce Gilles de Rais dont la monstruosité continue à révolter et à fasciner, un demi-millénaire après son supplice ? À cette question – toujours esquivée ou laissée pendante par les historiens –, Michel Tournier tente de répondre : et si Gilles de Rais n’était devenu un monstre que sous l’influence de Jeanne ? Et s’il avait remis son âme entre ses mains pour le meilleur et pour le pire ? Pour le meilleur : libération d’Orléans, victoire de Patay, sacre de Charles VII. Pour le pire : blessure, capture, procès, condamnation par l’Église, bûcher. Gilles de Rais a suivi Jeanne jusqu’au bout, jusqu’à la sorcellerie, jusqu’au bûcher sur lequel il est monté neuf ans après elle. 
Journal extime
Tournier, Michel
Les douze mois de l’année jalonnés par quelque quatre cents notules, observations, gloses, citations et autres historiettes.
La goutte d'or
Tournier, Michel
Donne-moi la photo. Idriss gardait ses chèvres et ses moutons non loin de l'oasis de Tabelbala quand une Land Rover a surgi. Une jeune femme blonde aux jambes nues a pris en photo le petit berger saharien. Sa photo, elle la lui enverra dès son retour à Paris. Idriss a attendu en vain. Son image volée ne lui a pas été rendue. Plus tard, quand il va partir vers le nord et jusqu'à Paris pour chercher du travail, il va se heurter à des images de lui-même qu'il ne reconnaîtra pas. Perdu dans un palais de mirages, il s'enfoncera dans la dérision jusqu'à ce qu'il trouve son salut dans la calligraphie. Seul le signe abstrait le libérera de la tyrannie de l'image, opium de l'Occident.
Le coq de bruyère
Tournier, Michel
Comment le Père Noël donnerait-il le sein à l'Enfant Jésus ? L'Ogre du Petit Poucet était-il un hippie ? Un nain peut-il devenir un surhomme ? Est-il possible de tuer avec un appareil de photographie ? Le citron donne-t-il un avant-goût du néant ? À ces questions – et à bien d'autres plus graves et plus folles encore – ce livre répond par des histoires drôles, navrantes, exaltantes et toujours exemplaires.
Le Médianoche amoureux
Tournier, Michel
14 contes et nouvelles.C'étaient des statues sculptées dans le sable, d'une étrange et poignante beauté. Les corps se lovaient dans une faible dépression, ceints d'un lambeau de tissu gris souillé de vase. On songeait à Adam et Eve avant que Dieu vînt souffler la vie dans leurs narines de limon. Le rocher de Tombelaine émergeait de la brume. Suspendu comme un mirage saharien au-dessus des nuées, le Mont-Saint-Michel brillait de toutes ses tuiles vermeilles, de tous les vitraux de sa pyramide abbatiale.------— Oui, mais une table, une chaise, on sait à quoi ça sert. Un écrivain, c’est utile ?Il fallait bien que la question fût posée. Je leur dis que la société est menacée de mort par les forces d’ordre et d’organisation qui pèsent sur elle. Tout pouvoir – politique, policier ou administratif – est conservateur. Si rien ne l’équilibre, il engendrera une société bloquée, semblable à une ruche, à une fourmilière, à une termitière. Il n’y aura plus rien d’humain, c’est-à-dire d’imprévu, de créatif parmi les hommes. L’écrivain a pour fonction naturelle d’allumer par ses livres des foyers de réflexion, de contestation, de remise en cause de l’ordre établi. Inlassablement il lance des appels à la révolte, des rappels au désordre, parce qu’il n’y a rien d’humain sans création, mais toute création dérange. C’est pourquoi il est si souvent poursuivi et persécuté. Et je citai François Villon, plus souvent en prison qu’en relaxe, Germaine de Staël, défiant le pouvoir napoléonien et se refusant à écrire l’unique phrase de soumission qui lui aurait valu la faveur du tyran, Victor Hugo, exilé vingt ans sur son îlot. Et Jules Vallès, et Soljenitsyne et bien d’autres.— Il faut écrire debout, jamais à genoux. La vie est un travail qu’il faut toujours faire debout, dis-je enfin.
Le miroir des idées
Tournier, Michel
Il faut deux jambes pour marcher, et pour bien saisir on se sert des deux mains. Cette évidence a été le point de départ de ce petit traité où les idées s’éclairent en s’opposant deux à deux. La femme sert de révélateur à l’homme, la lune nous dit ce qu’elle est en plein soleil, la cuiller manifeste sa douceur maternelle grâce à la fourchette, l’encolure du taureau est mise en évidence par la croupe du cheval, etc. L’autre principe de ce livre, c’est que la pensée fonctionne à l’aide de concepts-clé qui sont en nombre fini. C’est ce que les philosophes appellent des catégories. Aristote en comptait dix, Leibnitz six, Kant douze. Les définir et les analyser, c’est mettre à plat les pièces de la machine cérébrale. En élargissant la "table de catégories" à cent concepts, l’auteur a manifesté sa modestie spéculative et son souci d’embrasser la plus grande richesse concrète possible.
Le Roi des Aulnes
Tournier, Michel
Cet avertissement s'adresse à toutes les mères habitant les régions de Gehlenburg, Sensburg, Lötzen et Lyck ! Prenez garde à l'ogre de Kaltenborn ! Il convoite vos enfants. Il parcourt nos régions et vole les enfants. Si vous avez des enfants, pensez toujours à l'Ogre, car lui pense toujours à eux ! Ne les laissez pas s'éloigner seuls. Apprenez-leur à fuir et à se cacher s'ils voient un géant monté sur un cheval bleu, accompagné d'une meute noire. S'il vient à vous, résistez à ses menaces, soyez sourdes à ses promesses. Une seule certitude doit guider votre conduite de mères : si l'Ogre emporte votre enfant, vous ne le reverrez Jamais ! 
Les météores
Tournier, Michel
Deux jumeaux, Jean et Paul, forment un couple fraternel si uni qu'on l'appelle Jean-Paul. Mais Jean veut briser cette chaîne et essaie de se marier. Paul fait échouer ce projet. Désespéré, Jean part seul en voyage de noces à Venise. Paul se lance à sa poursuite et accomplit un long voyage initiatique autour du monde. À travers des aventures multiples et de nombreux personnages, comme le scandaleux oncle Alexandre, surnommé le dandy des gadoues, ce roman illustre le grand thème du couple humain.
Petites proses
Tournier, Michel
« À propos de l'amour, il disait : "Il y a un signe infaillible auquel on reconnaît qu'on aime quelqu'un d'amour, c'est quand son visage vous inspire plus de désir physique qu'aucune autre partie de son corps.” S'il avait eu une tombe, voici l'épitaphe qu'il aurait voulu qu'on y inscrivît : Je t'ai adorée, tu me l'as rendu au centuple. Merci, la vie ! »
Vendredi ou les limbes du Pacifique
Tournier, Michel
Tous ceux qui m'ont connu, tous sans exception me croient mort. Ma propre conviction que j'existe a contre elle l'unanimité. Quoi que je fasse, je n'empêcherai pas que dans l'esprit de la totalité des hommes, il y a l'image du cadavre de Robinson. Cela suffit – non certes à me tuer – mais à me repousser aux confins de la vie, dans un lieu suspendu entre ciel et enfers, dans les limbes, en somme... Plus près de la mort qu'aucun autre homme, je suis du même coup plus près des sources mêmes de la sexualité.