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« Montedidio est une rue, en haut de Santa
Lucia, en marge des quartiers espagnols ; c’est
une rampe de lancement projetée vers le ciel, le plus
loin possible du sol » Ainsi
s’expliquait De Luca. Montedidio est le lieu où il
a grandi et vécu jusqu’à l’âge de
onze ans. C’est précisément l’histoire
d’un gamin racontée en une suite de brefs
chapitres dont on comprend qu’ils proviennent du
rouleau de papier sur lequel ce gamin tient une sorte de
livre d’heures, à mesure qu’il se
familiarise avec l’usage de l’italien.
Montedidio raconte comment s’aventurer
dans une langue nouvelle revient à progresser dans un
territoire encore vierge. Ce gamin, son père l’a
mis à travailler. Il y a longtemps que les enfants
pauvres n’ont plus le temps d’apprendre
grand-chose à l’école. Sa famille appartient
au peuple des mangeurs d’anchois. Son père est
docker, parle le dialecte, demeure intimidé par
l’italien. Sa mère, frappée par la maladie,
porte la lucidité douloureuse du petit peuple. Le gamin
parle napolitain mais écrit en italien. Nous vivons en
Italie, dit le père, mais nous ne sommes pas Italiens.
La patrie, c’est celle qui te donne à manger,
tranche la mère. Conséquemment, la patrie du
père, c’est elle.
Et le gamin de relater par bribes ce quartier
« napolide » sur ce rouleau de papier
offert en échange de quelques attouchements à la
sauvette. Une langue paisible, l’italien, qui reste
sagement dans les livres. Une langue qui le repose du vacarme
du napolitain. Le gamin, son père l’a donc mis
à travailler en apprentissage chez un ébéniste
à temps plein et pêcheur à ses heures, pour
qui la journée est une bouchée, avide
d’avaler le jour, les énergies et les bonnes
volontés.
La bonne volonté, Don Raffaniello en est
l’image vivante. Il est roux, ses yeux sont verts, son
dos est affligé d’une bosse. Il n’a pas
d’âge. Sa bosse se craquelle et de là
bientôt se déploieront des ailes. Il n’est
pas d’ici, appartient à ce peuple
« de vivants refusés par la
mort » qui, depuis le Nord, est descendu
vers les ports italiens pour s’embarquer vers
Jérusalem. Raffaniello fait la charité aux pieds
des pauvres dont il répare gratuitement les chaussures.
En quête de terre promise, le vieux juif
s’astreint de bonne grâce à son purgatoire.
Le gamin est sous le charme de ses histoires, autant de
leçons empreintes de poésie et de sagesse.
Raffaniello pense entre autres que
« chacun vit avec un
ange ».
Le seul ange tangible du roman, c’est Maria. Le
corps sale du propriétaire de l’immeuble où
elle habite la dégoûte, pas celui propre et
sincère du gamin. Par sa tendre entremise, la douceur
suave et sauvage de ses gestes, ce dernier va faire
l’apprentissage des sentiments.
Montedidio, roman où la mémoire serait un
territoire perpétuellement à réinventer par le
simple effet boomerang des vents contraires de la langue.