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Première Partie : LE CHANTAGE.
La journée du 8 février 186. fut une des plus
rigoureuses de l'hiver. A midi, le thermomètre de
l'ingénieur Chevalier, qui est l'oracle des Parisiens,
marquait 9 degrés 3 dixièmes en dessous de
zéro. Le ciel était sombre et chargé de neige.
La pluie de la veille était si bien gelée sur les
pavés que la circulation était périlleuse et
que les fiacres et omnibus avaient interrompu leur service.
La ville était lugubre. A Paris, bien qu'on y puisse
mourir de faim, tout comme sur le radeau de la Méduse,
on ne s'inquiète pas démesurément de ceux qui
n'ont pas trouvé place à table. Mais l'hiver, quand
la Seine charrie, involontairement, on pense à ceux qui
n'ont pas de bois et on les plaint. Cela est si vrai que ce
jour du 8 février, la maîtresse de l'Hôtel du
Pérou, Mme LOUPIAS, une âpre et dure Auvergnate, se
préoccupa de ses locataires autrement que pour augmenter
leur loyer ou les harceler de ses incessantes demandes
d'argent.
— Quel froid d'ours ! dit-elle à son mari,
occupé à bourrer de charbon de terre le poêle
de la loge. Par des temps pareils, je suis toujours
inquiète, depuis cet hiver où nous avons
trouvé un de nos locataires pendu là haut.
L'accident nous coûta bien cinquante francs, sans
compter les injures des voisins. Tu devrais voir ce que font
nos gens des mansardes.
— Baste !.... répondit LOUPIAS, ils sont
sortis pour se réchauffer.
— Tu crois ?
— J'en suis sûr. Le père TANTAINE a
filé au petit jour, et j'ai vu peu après descendre
M Paul VIOLAINE. Il n'y a plus là haut que Rose, et je
pense qu'elle aura eu le bon esprit de rester couchée.
— Oh ! celle là, fit la LOUPIAS d'un ton
méchant, je ne la plains guère...