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C'est
peut-être cela l'enfer : "Hanter les couloirs du
métro pour l'éternité avec un manteau jaune."
Mais en châtiment de quelle faute ? Cette femme en jaune
que la narratrice croise un jour au métro Châtelet
et en qui elle reconnaît sa mère, de quoi est-elle
coupable ? D'avoir menti ? On la croyait morte au Maroc et
elle vivrait à Paris ? D'avoir abandonné sa fille,
celle qu'on appelait la Petite Bijou, au temps où elle
rêvait de faire carrière dans le spectacle ? Seuls
les noms propres permettraient peut-être de retracer le
passé, de savoir qui était vraiment cette femme
énigmatique : Suzanne Cardères, selon l'état
civil ou la comtesse Sonia O'Dauyé du temps de ses
rêves de grandeur, ou La Boche après la guerre
quand elle dut s'enfuir au Maroc pour ne pas être tondue
ou encore Trompe-la-Mort alors qu'elle survit
misérablement dans un coin de la banlieue parisienne
?
Le dernier Modiano
est un roman policier mélancolique sans coupables
où il n'y a que des victimes, personnages en
déréliction comme cette Petite Bijou qui ne
parvient pas à se remettre d'une enfance sans père,
sans même l'amour d'une mère, de toutes ces
blessures que la vie quotidienne ne fait que raviver. Et qui
n'a pour toute consolation que la musique des mots, le nom
d'un café dans le Paris des années cinquante, un
poème à la radio dans une langue inconnue, le nom
mystérieux d'hommes et de femmes qui s'inventent une
identité pour mieux oublier leur vie sans attrait. La
musique de Modiano, ce style si singulier, n'aura jamais
été plus poignante que dans cette étrange
balade sur les traces d'une enfance ravagée. --Yves
Bellec