La bibliothèque de Patrick
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La bibliothèque de Patrick

Dévorations
Millet, Richard
" Je suis descendue ouvrir la porte que faisait trembler un semi-remorque chargé de rondins, tremblant moi aussi devant cet homme d'une cinquantaine d'années, un peu plus grand que ne le sont les hommes des hautes terres : quelqu'un d'épuisé, ou qui revient de loin, ou encore un homme revenu de tout ; un homme qui ne s'aimait pas, c'était visible, ma mère m'avait appris à les reconnaître, les plus dangereux, selon elle, car ils exigent tout d'une femme, sans contrepartie, parfois jusqu'au sacrifice suprême. " Estelle, la narratrice, est serveuse dans un routier, à Saint-Andiau, dans le haut Limousin. Sa vie, à la monotonie désespérante, bascule avec l'arrivée d'un écrivain, qui, après avoir tant attendu de l'écriture, a renoué avec son métier d'instituteur. Elle va projeter sur " le maître " son désir, son dévorant besoin d'amour...
L'amour des trois soeurs Piale
Millet, Richard
Au milieu des vents, des pluies et des voix sombres des bois du plateau de Millevaches, dans la grande nuit corrézienne, voici l'histoire de trois femmes fières.Yvonne, Lucie, Amélie : les trois sœurs Piale. Trois vies de femmes : l'interminable déception, les rêves qui se brisent comme de la vaisselle, un goût de vieille neige dans la bouche, et toutes ces chambres où l'on n'arrive pas à se réchauffer, l'enfance perdue, la stupeur, l'incrédulité devant le temps qui a passé, les rires blancs, l'acceptation de la mort et du recommencement, même s'il n'y a ni commencement ni fin, mais seulement ce don, ce versement de sang, cette cascade qui tombe d'être en être, interminablement.
La confession négative
Millet, Richard
" Ce n'était plus la guerre fantomatique à quoi, depuis mon arrivée à Beyrouth, je m'étais habitué et qui ne venait pas ; ce n'était plus du roman devenu vague rêverie au fond de l'ennui ; c'était l'essence même de toute littérature : la guerre, violente, exigeante, dangereuse, enivrante, aussi, car j'y ai retrouvé les gestes qui étaient les miens, enfant, dans les bois de Siom, quand je jouais à la guerre et que je mourais ou tuais avec une ivresse qui me laissait croire que j'étais la proie d'autre chose que de la fièvre du jeu. Mais à Beyrouth, cette nuit-là, au premier étage du magasin que nous devions tenir, dans le bruit des armes, les éclats, l'odeur de poudre, d'huile et de métal chauds, je sentais les autres miliciens bien plus proches de moi que mes anciens compagnons de jeu. Tout ça me plaisait dans une dimension inquiétante, voire terrifiante du plaisir : celle qu'on connaît dans les très grandes amours. "
La fiancée libanaise
Millet, Richard
Un écrivain notoire et misanthrope se rend à Siom, en Limousin, d'où il est originaire, pour y rencontrer une jeune Libanaise qui travaille à une thèse sur la place de la femme dans son œuvre. C'est surtout du rôle des femmes dans sa vie qu'il sera question, au cours de ces conversations nocturnes sur l'impossibilité de l'amour, le sexe comme art ou comme damnation, la littérature, la musique, la France, la mort de l'Europe, le Liban, la Suède enfin où, pendant quelques heures, l'écrivain a été le lauréat du prix Nobel de littérature, au cœur de ce théâtre de chair et d'ombre, dérisoire et irremplaçable, qu'est l'existence.
La gloire des Pythre
Millet, Richard
« C'est en Corrèze, sur le plateau de Millevaches, l'histoire de la famille Pythre, une histoire qui va de la fin du siècle dernier à nos jours. Au commencement, il y a André Pythre qui arrive un soir au village, venu d'un canton voisin, le bout du monde, avec une demi-idiote, sa femme ou sa domestique, on ne sait. André Pythre est un personnage hors du commun, taciturne et mélancolique, en qui semblent se résumer des siècles de privations et d'entêtement à survivre en même temps qu'une volonté féroce de s'en sortir, d'échapper au nom impossible, au granit, à l'eau, au ciel trop bleu, à la jalousie des autres, à cette terre noire et froide qu'il faut disputer aux genêts, aux ajoncs, à la pierre. » Mais comment vaincre la « maudissure » qui vous suit, vous et les vôtres, depuis si longtemps, comment vaincre ce qui gît en vous-même et vous entraîne vers le silence et la nuit ?
La voix d'alto
Millet, Richard
Entre l'éclipse d'août 1999 et les mois qui ont suivi les tempêtes de la fin du siècle, un homme et une femme vivent les derniers temps de leur histoire. La femme s'appelle Nicole. Elle est médecin, vient du Québec, quoique ses origines soient irlandaises. L'homme s'appelle Philippe. Il est altiste, né dans le Limousin, de parents qui n'attendaient pas un nouvel enfant. Ce qui les rapproche l'un et l'autre, c'est sans doute le goût du silence, même si leur relation – amoureuse ? sexuelle ? – repose sur un échange de paroles. L'un et l'autre se racontent en effet, mais c'est toujours par voix détournée : la langue de la musique ou celle – que l'on découvre si poétique – de la médecine. Ils voudraient parvenir à nommer l'impossible vie qui les a poussés à tenir jusque-là. Pour lui, cette ombre du frère mort. Pour elle, fille d'une mère folle, l'impossibilité à atteindre l'âge auquel sa mère a sombré. Mais Nicole se suicidera et Philippe retournera dans ses terres limousines. Un retour pour chacun d'eux vers l'enfance qui les a si mal accueillis. Une entrée, surtout, dans le monde du silence.
Le goût des femmes laides
Millet, Richard
" On m'avait assez répété que j'étais laid : il me fallait le devenir, et j'avais, à quinze ans, assez de jugeote pour deviner que tout se jouerait dans le domaine amoureux, à tout le moins sexuel, puisque, je le savais déjà, j'étais de ceux à qui l'amour est refusé, et qui, par conséquent, doivent séparer ce sentiment du désir qui en est la dimension incendiaire, et consolatrice. " À travers la confession déroutante d'un homme qui, dès l'enfance, a grandi persuadé que sa mère le trouvait laid, Richard Millet cerne au plus près les tourments de la dissonance et de la solitude, et livre, dans une langue superbe, une singulière éducation sentimentale.
Le renard dans le nom
Millet, Richard
Je songe à cette très jeune fille assassinée au début des années 60, à Siom, sur les hautes terres limousines. Je songe à celui qui l'a peut-être tuée, et qui se cachait dans son nom propre, Lavolps, comme un renard en son terrier. Tous deux sont morts, et seule l'écriture peut aujourd'hui les rendre à leur innocence.
Ma vie parmi les ombres
Millet, Richard
J'ai vu s'éteindre, à Siom, sur les hautes terres limousines, entre les années soixante et le début de ce nouveau millénaire, le monde rural dans lequel je suis né. J'ai vu finir une civilisation qui avait duré des siècles. Ils sont tous morts, les Bugeaud comme toutes les grandes familles siomoises, et c'est pourtant parmi eux, hommes et femmes que j'ai vus vivre et que je croyais immortels, que j'erre aujourd'hui, perdu ou sauvé par l'écriture, ombre parmi les grandes ombres de Siom