Le voile des mondes Agosti, Pascal
Lorsque Gils Asacopat s’installe devant son écran d’ordinateur, lors d’une nuit sans lune, alors que la pluie commence à tomber, il infante Sir Isaac Goplast, lord anglais jusqu’au bout de son flegme. Ce dernier se présente comme un égyptologue maudit du début du XXe siècle. La narration à la première personne a toujours beaucoup plu à Gils, facilitant selon lui l’adhésion du lecteur au récit. Dans une confession troublante, Isaac se remémore son enfance dorée dans le manoir familial situé dans la région de Southampton ainsi que l’événement marquant de sa jeune vie : la découverte d’une lance préhistorique. Cet exercice permet à Gils d’exposer les traits majeurs du caractère de sa créature : sa curiosité, sa soif de gloire et de reconnaissance, son côté calculateur ainsi que sa froideur quasi-reptilienne, bref un personnage antipathique qu’il pourra sacrifier sur l’autel de son histoire. Gils profite du pianotage frénétique sur son clavier pour noyer ses propres dilemmes, ses incertitudes et ses troubles. Son cœur balance entre deux femmes : Lydia, femme de ses nuits et la mystérieuse Elodie, ancienne camarade d’école et femme de ses rêves. Ce récit ne serait que celui d’un écrivaillon en quête d’une histoire valable si le fantastique ne venait pas taper à la porte de ses rêves. En effet, Isaac vient le visiter dans les limbes du sommeil, faisant preuve à l’égard de son créateur d’une autonomie inédite et terrifiante.