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Parce qu’il se sent médiocre et inexistant,
un jeune homme va se suicider quand un artiste
mégalomane suspend son geste. Il lui propose
d’acheter son âme et son corps pour en faire une
sculpture vivante, sublime ou monstrueuse, et une
marchandise planétaire. Le désespéré
accepte le pacte et l’opération, se laisse
déshumaniser, et exposer aux yeux des foules, sous le
nom d’Adam-bis. Mais peut-il abdiquer
entièrement son humanité ? Grâce à
l’amour d’une jeune-femme, «
l’œuvre d’art » tente alors de sortir
de l’emprise de son créateur et de retrouver sa
conscience perdue. Cette fable excentrique,
inquiétante et comique nous entraîne dans un
monde rongé par le narcissisme, le culte du simulacre
et de l’apparence, le totalitarisme de l’image
: le nôtre.
Éric-Emmanuel Schmitt est encore jeune et il a
déjà beaucoup écrit. Des récits, des
romans, des essais, du théâtre surtout ;
certaines de ses pièces Le Libertin ou Variations
énigmatiques ont connu la faveur des critiques et la
clameur du public. Dans son nouveau roman Lorsque
j'étais une œuvre d'art, on retrouve le style
désormais familier de Schmitt qui distille un savant
mélange de brio intellectuel et d'aisance
stylistique. Il montre ici combien le problème de la
liberté humaine – qu'est-ce qu'une conscience
au fond ? – le préoccupe. Un homme
désespéré souscrit un pacte très
faustien avec un artiste démoniaque. Tu me donnes ta
vie, en échange je lui donnerai un sens puisque
aujourd'hui elle n'en a pas. Le candidat au suicide
devient donc un objet dans les mains de l'artiste qui
décide d'en faire l'œuvre d'art la plus
étonnante et la plus parachevée au monde,
à savoir Adam bis, une statue qui possèderait
le mérite et la supériorité incontestables
d'être vivante. Succès garanti. Adam bis
devient plus célèbre que La Joconde. Mais qu'on
le prive de sa liberté et du droit à la
conscience, et tout de suite l'homme commence à
résister. Un peu cette fois-ci à la façon
de Frankenstein, la créature décide
d'échapper à son créateur afin de
reconquérir sa liberté perdue.
Parfois Schmitt singe Sartre. Chaque propos s'en
retrouve symboliquement signifiant. Chaque avancée
du récit opère une dialectique mûrement
réfléchie. Au final, on ne sait plus très
bien si on lit un roman ou une dissertation philosophique
déguisée en roman. Mais ne soyons pas
féroces. Après tout, le roman à thèse
est un genre honorable et Éric-Emmanuel Schmitt est
un des derniers à agir pour sa survivance.
Denis Gombert
Présentation de l'éditeur