�tiquettes: Roman, Histoire, Lang:fr
R�sum�:
Derrière le
film-culte d'Edward Dmytryk (1959), avec Marlon Brando et
Montgomery Clift, se cache un roman qui fut l'un des grands
succès de l'après-guerre, et que nous avons
peut-être eu tort d'oublier. Un roman qui fit comparer son
auteur à Tolstoï - et dont les libraires attendaient
depuis longtemps la réédition. A le lire (ou à
le relire), on s'aperçoit que Le Bal des maudits tient de
toutes autres promesses que celles qu'il paraît annoncer.
D'abord ce n'est pas un roman de guerre, même si les
balles sifflent et tuent, même si les villes flambent - et
si l'action, selon la grande tradition américaine,
mène le bal. C'est un roman qui met en jeu le destin
croisé de personnages en guerre avec eux-mêmes, ce
qui est assez différent. Christian Diestl, l'Allemand
idéaliste et ambitieux, séduit par les idées
nazies, au long de son chemin brutal assiste à
l'effondrement de ses certitudes. Noah Ackerman, le petit juif
californien mal dans sa peau, part libérer l'Europe en
rêvant de se libérer lui-même, et vit sa vie de
soldat comme un enfer (un antimilitarisme radical baigne tout
le livre). Michael Whitacre, le New-Yorkais dragueur et
cynique, se retrouve contre toute attente dans la peau d'un
infirmier des âmes... Ces trois existences vont cheminer
loin les unes des autres d'abord, puis se croiser, puis se
retrouver dans une scène finale que le lecteur n'est pas
près d'oublier. Mais le miracle ici ne tient pas tant au
suspens rythmé par ce contre-point implacable qu'au
regard, terriblement lucide, que l'auteur porte sur l'histoire
qu'il nous raconte. Ecrit " à chaud ", alors que les armes
venaient à peine de se taire, le livre frappe
paradoxalement par la distance qu'il entretient avec son sujet.
Et pourtant Irwin Shaw, Juif et combattant, fut parmi les
premiers à découvrir, dans les rangs de l'armée
américaine, l'horreur des camps de la mort. Mais
peut-être est-ce pour exorciser cette horreur justement
qu'il s'applique ici plus à comprendre qu'à
condamner.