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Un tapis-franc, en argot de
vol et de meurtre, signifie un estaminet ou un cabaret du
plus bas étage. Un repris de justice, qui, dans cette
langue immonde, s'appelle un ogre, ou une femme de
même dégradation, qui s'appelle une ogresse,
tiennent ordinairement ces tavernes, hantées par le
rebut de la population parisienne ; forçats,
libérés, escrocs, voleurs, assassins y abondent.
Un crime a-t-il été commis, la police jette, si
cela se peut dire, son filet dans cette fange ;
presque toujours elle y prend les coupables. Ce début
annonce au lecteur qu'il doit assister à de sinistres
scènes ; s'il y consent, il pénètrera
dans des régions horribles, inconnues ; des
types hideux, effrayants, fourmilleront dans ces cloaques
impurs comme les reptiles dans les marais. Tout le monde a
lu les admirables pages dans lesquelles Cooper, le Walter
Scott américain, a tracé les moeurs féroces
des sauvages, leur langue pittoresque, poétique, les
mille ruses à l'aide desquelles ils fuient ou
poursuivent leurs ennemis. On a frémi pour les colons
et pour les habitants des villes, en songeant que si
près d'eux vivaient et rôdaient ces tribus
barbares, que leurs habitudes sanguinaires rejetaient si
loin de la civilisation. Nous allons essayer de mettre sous
les yeux du lecteur quelques épisodes de la vie
d'autres barbares aussi en dehors de la civilisation que
les sauvages peuplades si bien peintes par Cooper.
Seulement, les barbares dont nous parlons sont au milieu de
nous ; nous pouvons les coudoyer en nous aventurant
dans les repaires où ils vivent, où ils se
rassemblent pour concerter le meurtre, le vol, pour se
partager enfin les dépouilles de leurs victimes. Ces
hommes ont des moeurs à eux, des femmes à eux, un
langage à eux, langage mystérieux, rempli
d'images funestes, de métaphores dégoutantes de
sang...