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La Nouvelle Revue
française a cent ans. C'est une longévité rare
pour une revue de littérature et de critique. Aussi
singuliers sont la notoriété et le rayonnement qui
furent les siens dès les premiers temps de sa
publication et durant tout le siècle. Quels étaient
donc le projet et la situation d'André Gide et de ses
amis cofondateurs pour que cette aventure se prolongeât
si durablement ? S'agissait-il de faire école,
d'élever une bannière ? Assurément non.
Seulement, ici, la littérature a tous les droits. Rien
ne lui est opposable. Ni la religion ni la politique, ni les
mœurs ni la morale, ni la tradition ni la mode. Peu
importe que l'on considère la parole de l'écrivain
comme un don ou un effort, une aptitude ou une discipline.
Seuls comptent l'intensité d'écriture et son
pouvoir de révélation, cette singularité dans
l'ordre de la connaissance et du discours qu'on lui accorde,
au-delà de toute doctrine et
“préoccupation” qui la limiteraient.
“Sans prévention d'école ni de parti”,
telle fut La NRF : comme le disait Jacques
Rivière, l'un de ses grands directeurs, « un
lieu d'asile, imprenable, ménagé pour le seul
talent, le seul génie, s'il veut bien se
montrer ». Et il s'est bien montré, avec Gide
et Claudel, Proust et Martin du Gard, Larbaud et Supervielle,
Saint-John Perse et Michaux, Malraux et Sartre, Alain et
Blanchot... et par la voix de tant d'autres, tous gravitant
autour d'un même soleil. Cette chronique de La NRF,
riche en amicales et laborieuses complicités mais aussi
en querelles, questionnements et détours inattendus,
montre à quel point cette singulière histoire
éditoriale s'est entremêlée à un grand
siècle de littérature.