Collection: Livre 1 dans la collection M. de Mortagne, Bourreau
�tiquettes: Histoire, Lang:fr
R�sum�:
Mortagne-au-Perche, août 1305
Par dérogation de Mgr Charles de Valois, frère
du roi Philippe le Bel, transmise au sous-bailli de Mortagne,
le duel judiciaire avait été autorisé. Messire
Charles ne s'intéressant que de très loin aux
comtés d'Alençon et du Perche qu'il avait
reçus en apanage de son frère deux ans plus
tôt, et surtout pour en dépenser sans compter les
revenus, la missive avait mis plus de trois mois à
être rédigée et à parvenir au
sous-bailli, Arnaud de Tisans, chargé de veiller au
respect « de l'honneur et des us ». Certes, Arnaud
de Tisans avait subi les critiques de l'évêque de
Séez qui condamnait, au nom de l'Église, cette
pratique jugée barbare après qu'elle eut connu de
beaux jours un siècle plus tôt. D'un autre
côté, il n'allait pas se mettre à dos Mgr de
Valois, son suzerain direct, dont les emportements
étaient célèbres, ni même le grand bailli
d'épée, Adelin d'Estrevers.
Arnaud de Tisans avait écouté les protagonistes.
Mme de Salvin, la femme violentée, une magnifique
créature d'à peine vingt-cinq ans, avait juré
devant Dieu, la main posée sur les quatre Evangiles, que
Jacques de Faussay avait réclamé hospitalité
pour la nuit, profitant d'une absence de son époux,
Charles de Salvin, parti à la chasse. Les deux hommes se
connaissaient, aussi avait-elle accédé sans
défiance à sa requête. Jacques de Faussay
avait fait irruption dans sa chambre, au plein de la nuit, et
l'avait violée d'horrible façon.
Le Brasier de Justice est la première aventure
de cadet-Venelle, bourreau du Moyen Âge cherchant à
rétablir la justice de Dieu quand celle des hommes
vacille.
Estrevers faisait partie de ces hommes que Tisans
aurait volontiers vus sous les traits de grand inquisiteur.
Existaient à ses yeux Dieu, le roi et la loi, rien avant
ni après. Or le roi était le représentant
laïc de Dieu sur Terre et le détenteur de la loi.
En d'autres termes, la vie de messire d'Estrevers se
résumait au service du roi, donc de son frère. Les
rares fois où il s'était entretenu avec lui, Tisans
s'était toujours senti mal à l'aise. Couvait une
sorte de passion glaciale et implacable dans les yeux d'un
bleu presque blanc du grand bailli d'épée. Arnaud
de Tisans ne pouvant, ne tenant guère à s'y
opposer, le duel aurait donc lieu, devant quatre témoins
de belle réputation, sans compter lui-même, le
bourreau et la plaignante, Marie de Salvin, en la salle
d'armes du château de Mortagne, au jour levé. Deux
belligérants, Salvin et Faussay, tous deux de petite
mais bonne noblesse, l'un accusant l'autre du viol de son
épouse, Marie, l'autre criant à la calomnie et
à la machination. Marie de Salvin, quant à elle,
était de haut.
Faussay, la petite trentaine, réputé fine
lame, avait également juré : certes, Mme de Salvin
lui avait offert l'hospitalité mais jamais, au grand
jamais, il n'avait manqué de respect envers elle,
même si, au cours du souper, il avait eu le sentiment de
ne pas lui être déplaisant.
Charles de Salvin accordait, lui, toute foi à la
parole de son épouse qu'il adorait.
Par honnêteté, compassion d'homme
vieillissant aussi, Arnaud de Tisans avait tenté de
dissuader le mari, de le convaincre de s'en remettre à
un jugement bien de ce monde et non à ce duel.