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Le coup de tonnerre
fut si violent que nous pensâmes que le coin de
forêt qui poussait au-dessus de nos têtes avait
été foudroyé et que la voûte de la
caverne allait être fendue, comme d’un coup de
hache, par le géant de la tempête. Nos mains se
saisirent au fond de l’antre, s’étreignirent
dans cette obscurité préhistorique et l’on
entendit les gémissements des marcassins que nous
venions de faire prisonniers. La porte de lumière qui,
jusqu’alors, avait signalé l’entrée de
la grotte naturelle où nous nous étions tapis comme
des bêtes, s’éteignit à nos yeux, non
point que l’on fût à la fin du jour, mais le
ciel se soulageait d’un si lourd fardeau de pluies
qu’il semblait avoir étouffé pour toujours,
sous ce poids liquide, le soleil. Il y avait maintenant
au fond de l’antre un silence profond. Les marcassins
s’étaient tus sous la botte de Makoko. Makoko
était un de nos camarades, que nous appelions ainsi
à cause d’une laideur idéale et sublime qui,
avec le front de Verlaine et la mâchoire de Tropmann, le
ramenait à la splendeur première de l’Homme
des Bois. Ce fut lui qui se
décida à traduire tout haut notre pensée
à tous les quatre, car nous étions quatre qui
avions fui la tempête, sous la terre : Mathis, Allan,
Makoko et moi. — Si le
gentilhomme ne nous donne pas l’hospitalité ce
soir, il nous faudra coucher ici… À ce moment, le
vent s’éleva avec une telle fureur qu’il
sembla secouer la base même de la montagne et que tout
le Jura trembla sous nos pieds. Dans le même temps, il
nous parut qu’une main soulevait le rideau opaque des
pluies qui obstruait l’entrée de la caverne, et
une figure étrange surgit devant nous, dans un rayon
vert. Makoko
m’étreignit le bras : — Le voilà
! dit-il. Je le regardai.