Collection: Livre 8 dans la collection Les aventures d'Arsène Lupin
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Dans ce roman écrit en 1918, Don
Luis Perenna, alias Arsène Lupin, n'intervient que pour
sauver et dénouer les pièges tendus devant les
malheureux personnages de l'intrigue...
Extrait: L'un
portait la capote bleu horizon du fantassin ; l'autre, un
Sénégalais, ces vêtement de laine beige,
à large culotte et à veston cintré, dont on
a habillé, depuis la guerre, les zouaves et les
troupes d'Afrique. L'un n'avait plus qu'une jambe, la
gauche ; l'autre, plus qu'un bras, le droit. Ils firent le
tour de l'esplanade, au centre de laquelle se dresse un
joli groupe de Silènes, et s'arrêtèrent. Le
fantassin jeta sa cigarette. Le Sénégalais la
ramassa, en tira vivement quelques bouffées, la
pressa, pour l'éteindre, entre le pouce et l'index et
la mit dans sa poche. Tout cela sans un mot. Presque en
même temps, de la rue Galliera, débouchèrent
deux autres soldats, dont il eût été
impossible de dire à quelle arme ils appartenaient,
leur tenue militaire se composant des effets civils les
plus disparates. Cependant, l'un arborait la chéchia
du zouave ; l'autre, le képi de l'artilleur. Le
premier marchait avec des béquilles, le second avec
des cannes. Ceux-là se tinrent auprès du kiosque
qui s'élève au bord du trottoir. Par les rues
Pierre-Charron, Brignoles et de Chaillot, il en vint
encore, isolément, trois : un chasseur à pied
manchot, un sapeur qui boitait, un marsouin dont une hanche
était comme tordue. Ils allèrent droit, chacun
vers un arbre, auquel chacun s'appuya. Entre eux, nulle
parole ne fut échangée. Aucun de ces sept
mutilés ne semblait connaître ses compagnons et
ne semblait s'occuper ni même s'apercevoir de leur
présence. Debout derrière leurs arbres, ou
derrière le kiosque, ou derrière le groupe de
Silènes, ils ne bougeaient pas. Et les rares passants
qui traversaient, en cette soirée du 3 avril 1915, ce
carrefour peu fréquenté, que des
réverbères encapuchonnés éclairaient
à peine, ne s'attardaient pas à noter leurs
silhouettes immobiles. La demie de six heures sonna. À
ce moment, la porte d'une des maisons qui ont vue sur la
place s'ouvrit. Un homme sortit de cette maison, referma la
porte, franchit la rue de Chaillot et contourna
l'esplanade.