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Histoires incroyables, Tome II
Lermina, Jules

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Histoires incroyables, Tome II

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Extrait: ... cette respiration... puis il y eut un soupir plus long que les autres et... un temps d'arrêt. Je la crus morte, et me penchai vers elle. Les pommettes de ses joues étaient violettes, d'un violet doux et pâle... j'appliquai mes lèvres sur les siennes, comme si sous mon aspiration le souffle pouvait revenir plus promptement. Il revint en effet, et l'intermittence reparut pendant un quart d'heure à peu près... puis nouvelle interruption, plus longue cette fois... la main que je tenais se contracta quelque peu... elle se desserra... le souffle recommença son mouvement de va-et-vient... une heure se passa ainsi. Je retenais moi-même ma respiration, je craignais de ne pas entendre ce qui était, pour moi, la preuve de la persistance vitale. Je pensais à tout autre chose: c'est singulier, ma mémoire s'était arrêtée à un souvenir de jeunesse et de joie. C'était une fête de mariage dans laquelle, en vérité, j'avais dansé comme pas un des jeunes gens les plus réputés pour leur activité... Je revoyais les lustres chargés de bougies, laissant tomber leurs taches blanches sur les habits des danseurs... j'entendais les accords de l'orchestre qui se répétaient avec monotonie, frappant mon oreille de leur rythme cadencé... rythme... mesure... régularité... respiration... cet enchaînement d'idées se fit... j'écoutai... Je n'entendis ni rythme, ni mesure, ni respiration... Elle ne respirait plus... elle... pendant que je m'égarais dans les dédales de la mémoire et du passé... elle était morte... morte! Avez-vous compris? Étant là, auprès d'elle, à son chevet, je l'avais absolument abandonnée... j'écoutais les mélodies d'un orchestre du passé... et le présent, c'est-à-dire ELLE, ma Mary, ma femme, mon amour... Mary était morte. Misérable que j'étais! je l'avais laissée mourir seule... À ce moment suprême, elle m'avait peut-être cherché du regard, elle m'avait peut-être appelé mentalement. Elle était morte......