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Extrait: ... cette
respiration... puis il y eut un soupir plus long que les
autres et... un temps d'arrêt. Je la crus morte, et me
penchai vers elle. Les pommettes de ses joues étaient
violettes, d'un violet doux et pâle... j'appliquai mes
lèvres sur les siennes, comme si sous mon aspiration le
souffle pouvait revenir plus promptement. Il revint en effet,
et l'intermittence reparut pendant un quart d'heure à
peu près... puis nouvelle interruption, plus longue
cette fois... la main que je tenais se contracta quelque
peu... elle se desserra... le souffle recommença son
mouvement de va-et-vient... une heure se passa ainsi. Je
retenais moi-même ma respiration, je craignais de ne pas
entendre ce qui était, pour moi, la preuve de la
persistance vitale. Je pensais à tout autre chose: c'est
singulier, ma mémoire s'était arrêtée
à un souvenir de jeunesse et de joie. C'était une
fête de mariage dans laquelle, en vérité,
j'avais dansé comme pas un des jeunes gens les plus
réputés pour leur activité... Je revoyais les
lustres chargés de bougies, laissant tomber leurs taches
blanches sur les habits des danseurs... j'entendais les
accords de l'orchestre qui se répétaient avec
monotonie, frappant mon oreille de leur rythme
cadencé... rythme... mesure... régularité...
respiration... cet enchaînement d'idées se fit...
j'écoutai... Je n'entendis ni rythme, ni mesure, ni
respiration... Elle ne respirait plus... elle... pendant que
je m'égarais dans les dédales de la mémoire et
du passé... elle était morte... morte! Avez-vous
compris? Étant là, auprès d'elle, à son
chevet, je l'avais absolument abandonnée...
j'écoutais les mélodies d'un orchestre du
passé... et le présent, c'est-à-dire ELLE, ma
Mary, ma femme, mon amour... Mary était morte.
Misérable que j'étais! je l'avais laissée
mourir seule... À ce moment suprême, elle m'avait
peut-être cherché du regard, elle m'avait
peut-être appelé mentalement. Elle était
morte......