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Le chant de l’équipage
Mac-Orlan, Pierre

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Le chant de l’équipage

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La confrontation, pleine de sens et de saveur, de l'aventurier passif, Joseph Krühl, qui se contente de rêver aux pirates, et de l'aventurier actif, Simon Eliasar, occupé de chasse au trésor. Tous deux pourtant s'embarquent ensemble et leur destin s'accomplira sur une île. Étonnant adieu au romantisme et au pittoresque, ce récit ingénieux contient toute la poésie de l'aventure.

Extrait: La maison, plongée dans l'ombre impénétrable, ne se révélait pas tout de suite. On apercevait incontestablement une sale petite lueur, celle de la lanterne : des flaques d'eau qu'un reflet doré décelait traîtreusement. Une porte ouverte quelque part dans le noir, vomit comme un four à puddler la lumière d'une lampe à pétrole. Une silhouette féminine s'encadra entre les chambranles ; des sabots claquèrent et traînèrent sur la pierre du seuil. ― Oh ! gast ! attends, va ! L'interjection et le conseil s'adressaient au porc exalté, qui se tint coi. Alors une voix nasillarde pleura derrière le petit comptoir que l'on apercevait vaguement derrière une grande table encombrée de bouteilles vides. ― Adrienne, avez-vous donné à manger au chat ? Quel temps, ma doué ! et M. Krühl qui n'est pas rentré. ― Oui, M'dame ! Certainement, M'dame, fit Adrienne. ― Et quand il va rentrer avec ses vêtements mouillés, gémit l'autre femme, il pourrira encore le plancher de la chambre. L'entendez-vous, Adrienne ? ― Oui, M'dame. J'entends son pas. En effet, de gros souliers entraient en lutte avec les cailloux de la côte. Quelques injures adressées aux auteurs responsables de cette mise en scène indiquèrent nettement que celui qu'on attendait ne tarderait pas à sortir du mystère. Subitement, après avoir posé sans hésitation un pied dans une flaque d'eau profonde, M. Krühl soufflant et de fort mauvaise humeur, pénétra dans la grande salle de l'hôtel Plœdac dont Adrienne, la servante, se hâta de fermer la porte. ― Vous appelez ça un temps, dit-il en s'adressant à la vieille femme qui portait la coiffe de Moëlan, et la collerette blanche des dames de Quimperlé. ― Mon pauvre monsieur Krühl, ma doué ! Adrienne va vous faire chauffer un grog. ― Parfaitement, déclara M. Krühl. Elle va me faire chauffer un grog avec du tafia. Ça lui ira mieux au teint que de rester là à me contempler avec des yeux comme des melons d'eau.