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De retour à Bombay en 1998, après une absence de
vingt et un ans, Sukety Mehta est frappé par les
métamorphoses de la ville tant aimée de son enfance
: il décide d'en aborder tous les extrêmes et pour
commencer, celui des émeutes de 1992-1993 entre hindous
et musulmans. Ce conflit le propulse au coeur des violences
de la guerre des gangs pour le contrôle de la vie
politique et économique de la cité, une guerre
souvent orchestrée par des parrains mafieux
installés à Dubaï ou au Pakistan. L'auteur
prend le risque de nouer des liens personnels, avec à la
fois des tueurs sans merci et des indicateurs de la police,
pour mieux nous guider dans le labyrinthe du crime
organisé au sein d'une ville corrompue. Parmi les
myriades de personnages du livre, il y a Mona Lisa qui,
après une enfance de misère à l'image de celle
des millions de déshérités des bidonvilles de
Bombay, est devenue une belle danseuse, une entraîneuse
capiteuse qui, la nuit venue, enflamme les désirs des
hommes dans les bars chauds de la ville ; certains soirs on y
rencontre même Honey/Manoj " une femme née homme
par erreur ", que Suketu Mehta suit aussi dans sa double vie.
Avec son millier de films par an produits par l'industrie
cinématographique de Bombay, Bollywood n'a aujourd'hui
plus rien à envier à Hollywood : là encore,
Suketu Mehta nous convie avec complicité derrière
les décors de ses studios. Passionnée, intimiste,
émouvante, courageuse, impudique, tout à tour
drôle et déchirante, cette formidable biographie
urbaine initie un nouveau genre littéraire. De même
l'hallucinante Bombay, la plus grande mégapole d'Asie,
préfigure la génération des mégapoles
surpeuplées de demain.
Suketu Mehta est écrivain et journaliste. Ses
écrits sont publiés par le New York Times Magazine,
Granta, Harper's Time et le Village Voice. Il a
également coécrit avec Vinod Chopra le
scénario du film Mission Kashmir. Suketu Mehta vit
à New York avec ses deux enfants.
Géographie personnelle
La ville de Bombay sera bientôt plus peuplée que
le continent australien. URBS PRIMA IN INDIS, annonce la
plaque apposée sur la Porte de l'Inde. Bombay est
d'ailleurs Urbs prima in Mundis à un égard au
moins, premier indice de la vitalité d'une ville : la
taille de sa population. Avec ses quatorze millions
d'habitants, c'est la plus grande métropole de la
planète colonisée par la race des citadins. Bombay,
ou l'avenir de la civilisation urbaine terrestre. Que Dieu
nous garde.
Ce livre n'est pas seulement une incroyable enquête
sur la ville et ses habitants, c'est une méditation sur
les aspirations existentielles et spirituelles, sur le sexe,
l'amour, la violence et la loi, c'est aussi un récit
très intime. Suketu Mehta a 14 ans quand il quitte
Bombay pour New York. En Amérique, il passe son temps
à rêver de l'Inde....
Extrait
J'ai quitté Bombay en 1977. Quand j'y suis revenu,
vingt et un ans plus tard, ma ville avait grandi et
était devenue Mumbai. Vingt et un ans : le temps qu'il
faut à un être humain pour naître,
s'instruire, atteindre l'âge requis pour boire, se
marier, conduire une voiture, voter, faire la guerre, tuer
ses semblables. Au cours de ce long laps de temps, je n'ai
pas perdu mon accent. Je parle comme les gens de Bombay ;
c'est à cela qu'on me reconnaît à Kanpur ou
dans le Kansas. «D'où êtes-vous ?» Quel
que soit l'endroit où je me trouve - Paris, Londres,
Manhattan - je finis toujours par répondre «de
Bombay». Sous le désastre actuel - une vraie
catastrophe urbaine - se trouve, enfouie quelque part, la
cité qui a tous les droits sur mon coeur : belle ville
de bord de mer, État oasis d'espoir dans un très
vieux pays. Je suis retourné la chercher avec en
tête une question simple : est-ce bien chez moi, ici ?
Au cours de cette quête, j'ai trouvé mes cités
intérieures.
Je suis un garçon des villes. Calcutta, où
j'ai vu le jour, est extrême à tous points de vue.
Après ma naissance, mes parents sont partis pour Bombay
où j'ai vécu neuf années. Ensuite ce furent
huit ans à Jackson Heights, à New York; puis un an,
avec des coupures, à Paris; cinq à Manhattan, dans
l'East Village; et quelque douze mois, mais discontinus,
à Londres. Seules exceptions : trois ans dans la
très peu urbaine Iowa City et deux autres à New
Brunswick, dans le New Jersey - guère mieux que des
campus universitaires qui m'ont préparé à
revenir à LA ville. Mes deux enfants sont nés dans
une grande métropole, à New York. C'est par choix
que je vis en ville et je suis à peu près sûr
que j'y mourrai. A la campagne, je ne sais jamais trop
comment m'occuper, même si j'aime assez aller y passer
le week-end.
Revue de presse
Qu'est-il arrivé à la ville qu'il a
quittée ? Pour le comprendre, Mehta passe deux ans et
demi à traîner, jour et nuit, avec toutes sortes de
Bombayites : prostituées, politiciens, danseuses de bar,
stars de Bollywood, architectes, informaticiens et
poètes. (Natalie Levisalles - Libération du 2
novembre 2006 )