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On n’oublie jamais son premier cadavre.
Celui-là, je me souviens comme si c’était
hier. Faut dire qu’on ne croise pas tous les jours sur
son chemin André Breton, une bande
d’illégalistes, Sacco et Vanzetti, un club de
marchands de canons... Mais à Montmartre en ce
temps-là, c’est pas des lilas qui fleurissaient
sous mes fenêtres. Plûtôt les fleurs du mal.
Ou les chrysanthèmes.
« Le type qui me faisait face me fixait sans me
voir. Le discret sourire qui flottait sur ses lèvres lui
donnait une expression de stupeur amusée. Peut-être
une pensée légère avait-elle traversé son
esprit. A moins que ce ne soit l’incongruité de la
situation. Sait-on ce qui peut vous passer par la tête
dans de tels moments ? En tout cas, il devait être
d’un naturel aimable. Moi, à sa place...Mais
j’aimais mieux ne pas y être, à sa place,
parce que l’homme qui me regardait avec tant
d’insistance était mort, et bien mort.
Leboeuf ne parlait pas souvent, mais il venait de
résumer ce que nous pensions tous les quatre. Cottet a
levé sa lampe, sous la lueur dansante, le cadavre avait
l’air de se foutre de nous. Il pouvait. Ce n’est
pas tous les jours que quatre malfrats tombaient sur un
macchabée en ouvrant un coffre-fort. Dehors, le vent
redoublait. En hurlant, il s’engouffrait sous la porte.
J’ai reculé d’un bond.
Ce livre a reçu le Grand Prix de Littérature
Policière 2002
Merde !
Il
a bougé ! »